Que peuvent faire les maires ?
Le Conseil d'État a récemment dépossédé les communes d'une bonne part de leurs prérogatives concernant les « Linky » (voir le point juridique ci-dessous). En particulier, il a jugé que les maires ne peuvent user de leur pouvoir de police pour encadrer le déploiement de ces compteurs. Or, le Gouvernement, censé réglementer, reste inactif. Dans ce cadre, le collectif invite les maires à innover à travers de nouveaux arrêtés. Et à rappeler le droit de chaque personne à refuser l'accès de son domicile.
En ce sens, les conseils municipaux du Percy, de Chichilianne et de Saint-Martin-de-Clelles ont déjà pris des délibérations qui rappellent l'état du droit concernant les compteurs Linky.
Du coté des mairies, il est aussi possible de refuser les compteurs dans les locaux municipaux (mairie, écoles, salle des associations,...) et de soutenir la mobilisation citoyenne par la diffusion d'informations (courriers, réunion,...)
Point juridique
1. Propriétaire du compteur : le syndicat mixte
Autrement dit, pour l'ensemble des communes du Trièves, qui ont délégué leur compétence à Territoire d'énergie 38 (anciennement SEDI), c'est ce syndicat mixte qui est seul propriétaire des compteurs. C'est donc à lui que revient la possibilité de refuser, comme l'ont déjà fait de nombreuses communes, le remplacement de compteurs pourtant en état de marche.
2. Titulaire du pouvoir de police du compteur Linky : le Gouvernement... qui ne s'en occupe pas !
« Si les articles L. 2212 1 et L. 2212 2 du code général des collectivités territoriales habilitent lemaire à prendre, pour la commune, les mesures de police générale nécessaires au bon ordre, à la sûreté, à la sécurité et à la salubrité publiques, il ne saurait adopter sur le territoire de la commune des décisions portant sur l'installation de compteurs électriques communicants qui seraient destinées à protéger les habitants contre les effets des ondes émises »
Dans ce cadre, le Collectif invite les maires qui le souhaiteraient à innover, avec l'aide d'avocats, pour tenter de nouvelles formules d'arrêtés qui permettraient de faire évoluer cette jurisprudence. Dans tous les cas, rappelons que les arrêtés, même jugés in fine illégaux, restent en vigueur tant qu'ils n'ont pas fait l'objet d'une annulation définitive par le juge administratif. C'est le cas pour plusieurs centaines de communes qui, malgré les arrêts de principe évoqués plus haut, ont pu limiter le déploiement du « Linky » sur leur territoire. Un contrôle du juge par la voie du référé (en urgence et donc sous quelques semaines) est toujours possible, mais dans la pratique, peu de recours de ce type ont été observés.
3. Pour éviter les troubles à l'ordre public, un rappel du droit en vigueur toujours possible
A Blagnac, le maire avait notamment rappelé que :
« L'opérateur chargé de la pose des compteurs Linky doit garantir aux usagers la liberté d'exercer leur choix individuel et sans pression pour : - refuser ou accepter l'accès à leur logement ou propriété ; .... - refuser ou accepter que les données collectées par le compteur soient transmises à des tiers partenaires commerciaux de l'opérateur ».